Caractéristiques

  • réalisateur : Ragnar Bragason
  • année de production : 2006
  • date de sortie : 4 juin 2008
  • durée : 92 minutes
  • pays : Islande
  • festivals : –

Synopsis

Karitas est une mère célibataire de quatre enfants qui essaie désespérément de faire des rencontres. Elle mène une bataille perdue d’avance avec son ex-mari pour la garde de ses trois filles.
Elle ne prend pas conscience de ce qui arrive à son fils de douze ans, Gudmundur, qui est le souffre-douleur de ses camarades de classe, et dont la vie suit le chemin de la destruction.
Son seul ami dans ce monde est Marino, un schizophrène d’une quarantaine d’années, qui vit avec sa mère. Quand Marino réalise que sa mère a rencontré un homme en secret, il commence à perdre prise sur la réalité.
Gardar est une petite frappe dont la conduite nuit à son frère jumeau Georg.
Rejeté à la fois par le milieu et par sa famille, il doit prendre un nouveau départ dans la vie, et décide de partir à la recherche de son fils, Gudmundur, qu’il n’a jamais vu, mais rester dans le droit chemin est quelquechose de difficile à suivre.

Revue de presse

Evene.fr

L’Islande en noir et blanc. Evidemment. Bien que l’histoire puisse se passer n’importe où, l’atmosphère insulaire oppressante se dégage des images. Ragnar Bragason raconte le choc de quatre destins qui se rencontrent, dans un univers froid (et pour cause), violent mais non dénué d’optimisme. Une mère de famille, un adolescent souffre-douleur, un schizophrène et un gangster à la petite semaine composent le quatuor gagnant de cette galerie de martyrs. L’esthétisme épuré de la réalisation ne laisse pas le droit à l’erreur, et les acteurs principaux s’acquittent de leur tâche de piliers avec talent. Tous sont excellents, à commencer par Gisli Örn Gardarsson, Gardar dans le film. La qualité du scénario, imprévisible, n’empiète pas sur la mécanique de la loi du Talion mise en place dès le début. Les coups sont rendus, dent pour dent, jusqu’à l’explosion finale. Savoir contre qui est dirigé ce déluge de haine importe moins que de suivre jusqu’au bout les réactions des protagonistes. Sans parler de happy end, la dernière séquence se fait joviale, aux antipodes du dénouement attendu. Tout est bien qui finit bien ? Pas tout à fait : la prison sociale reste fermée, les liens familiaux brisés sont à peine reconstitués… Il reste l’expérience vécue du gâchis, de la violence comme seule échappatoire.

Le Monde

Children” : portrait de moeurs à l’islandaise

Pas question de filmer des gens sympathiques ni de signer un film rassurant. Ragnar Bragason veut coûte que coûte être au diapason de la vie réelle, cela signifie pour lui un refus délibéré du divertissement. Est-ce à dire que ses personnages sont des monstres, des repoussoirs ? Ils sont tout simplement englués dans un marasme existentiel débilitant. Au cinéaste de faire le constat de ce mal d’être, en cherchant pourquoi ces gens en sont arrivés là. A nous d’assister à ces malédictions familiales, sans défaillir.
Le ton sans concessions de ce portrait de moeurs est donné d’emblée. A propos de l’animal prétendument domestique qui rôde dans un coin, on nous prévient que : “Si t’es un connard, il mord !” Mais au fur et à mesure que nous découvrons les âmes en peine et les bourreaux de Children, on se rend compte qu’ils n’ont qu’une raison de vivre comme des chiens : le manque d’amour.
Voilà Karitas, mère célibataire, quatre enfants (elle dit “garnements”), infirmière. Elle mène une bataille perdue d’avance avec son ancien mari pour la garde de ses trois filles et délaisse son fils de 12 ans, Gudmund, que la douleur de n’être pas choyé pousse à des gestes agressifs, comme flanquer le chat dans le vide-ordures.

DESTINS EN IMPASSE
Souffre-douleur de ses camarades de classe, ce gamin blondinet à la mine sombre va voir son père resurgir du néant, une fripouille qui martyrise son propre frère et que son rejet du milieu délinquant (ainsi, sans doute, que quelques remords) pousse à retrouver trace de sa progéniture qu’il n’a jamais vue. La mère de Gudmund voit le retour de ce sale type d’un très mauvais oeil (“cet homme est dangereux”, dit-elle, elle n’a pas tort), mais le môme est subjugué…

Par ailleurs, Gudmund s’est lié d’amitié avec un certain Marino, un schizophrène en costume-cravate de 40 ans, boulimique donc obèse, fumeur compulsif, collectionneur de nécrologies. Ils jouent au foot, s’occupent de leur poisson rouge fétiche. Tous les deux se sentent abandonnés par leurs mères, qui travaillent trop, essaient désespérément de faire des rencontres. Marino frise l’hystérie ; il ne supporte pas que sa mère fréquente un homme à son insu.
De cette accumulation de destins en impasse, le cinéaste tire un film sans illusions, en noir et blanc, mais pas sans humanité. Tout le monde a ses raisons de souffrir, ou de faire souffrir sans le vouloir. L’explication des troubles dépressifs ou hyperviolents des uns et des autres est à chercher chaque fois dans le déficit affectif de la mère, alors que tous ces mauvais garçons voudraient voir manifester à leur égard un amour exclusif. Or celles-ci doivent gagner l’argent du ménage, et leur désir de se trouver un compagnon est légitime. Admirateur de Mike Leigh et de John Cassavetes, Ragnar Bragason travaille avec la compagnie théâtrale la plus créative d’Islande : VesturPort, productrice de ce film ainsi que de celui que Bragason a réalisé en écho, Parents.
Fondé sur l’improvisation, Children résulte d’une création collective. Chaque comédien a composé son personnage, plus ou moins tiré de son expérience personnelle. Ce processus de happening s’avère artistiquement probant, même s’il donne un état de santé effarant du paysage social islandais.

Libération

«Children», l’île de la claustration

Bref récapitulatif. L’Islande est une grande île frisquette, certes européenne mais un peu paumée vers le cercle polaire, sa capitale est Reykjavik et le pays compte, tout compris, 310 000 habitants, dont Björk. A part cette dernière, les distractions y sont rares, les paysages urbains sont d’une gaieté à s’ouvrir les poignets, le tissu social est presque consanguin compte tenu de la faible densité de population et la météo est en noir et blanc. Tout comme Children dont le seul fait qu’il soit islandais constitue une carte d’identité singulière.
Poire. Le film de Ragnar Bragason parle de la solitude ou plus exactement, de l’isolement. L’isolement d’une poignée de gens, étouffant silencieusement dans le carcan de leur existence banale à pleurer. Les uns sont résignés, d’autres tentent de se révolter mais personne n’y échappe. A chaque plan, chaque dialogue, on reçoit en pleine poire le désespoir qui suinte de tous les côtés. Bragason joue sur tous les registres de cet autisme de société, de l’incompréhension tragique à l’absurde confinant à la comédie. Le réalisateur, qui concède volontiers son admiration pour Mike Leigh, Jean-Luc Godard et John Cassavetes, a travaillé pendant plusieurs mois avec la troupe de théâtre Vestuport pour préparer deux films, Children donc, et Parents, pas encore sorti en France. Au programme de ce collectif, création des personnages par les comédiens eux-mêmes, improvisations et écriture du scénario dans lequel chaque individu croise les autres, leur parle parfois, les affronte ou les méprise, mais ne les entend jamais. Chacun est définitivement seul avec lui-même, dans une angoissante autarcie intellectuelle et sentimentale.
Parmi les principaux protagonistes, on trouve Karitas, la jolie mère célibataire de quatre enfants qui ne s’en sort pas, voudrait bien que son ex-mari lui foute la paix, un homme de temps en temps et surtout comprendre ce qui ne va pas avec son fils aîné Gudmundur. Le gamin d’une blondeur hypnotique est le souffre-douleur de ses camarades d’école et passe ses journées à taper dans un ballon au pied de son immeuble. Sur la pelouse pelée, il croise parfois Marino, un trentenaire schizophrène, obsédé par la bouffe que lui administre à volonté sa mère, et qui passe sa vie à craindre que cette dernière ne l’abandonne. Il y a aussi dans le paysage l’inquiétant Gardar, voyou à la petite semaine, toujours flanqué d’un monstrueux molosse, qui a une fâcheuse tendance à distribuer des torgnoles avant de réfléchir. Il est tellement con et maladroit, Gardar, qu’il met en péril son propre frère jumeau Georg, chétif et peureux.
Miroirs. La comédie humaine de ces naufragés sociaux constitue la chair de Children. Un jeu de miroirs où, à force de perdre de vue le reflet des autres, chacun finit par s’égarer pour de bon. Ici, dans l’intimité poisseuse de sa petite prison personnelle, l’enfer, c’est définitivement, soi-même.

Telerama

Children
Un film islandais, c’est assez rare sur nos écrans. A priori, on imagine un univers à la fois plein de blondeur, de lumière et d’une certaine noirceur sociale ; un mélange de gravité et d’humour pince-sans-rire. On a grosso modo raison. Hormis deux scènes ouvertement comiques (la première, très réussie, et la toute dernière), le film met en scène des personnages paumés, tous en proie à une forme de violence : un voyou au bord de la rédemption ; une infirmière célibataire qui jongle avec le temps pour élever seule quatre enfants ; son fils aîné, souffre-douleur de l’école ; un schizophrène amoureux de sa mère. Pour raconter ces trajectoires qui se se croisent, le réalisateur, auteur de clips et de publicités, a choisi le noir et blanc et misé sur l’improvisation des comédiens, tous épatants. Ils tissent une galerie de personnages attachants jusque dans leur face noire, une chronique sociale sombre et authentique, pleine d’énergie et de vérité.

  • Riddle of fire

    de Weston Razooli – USA – 2023

  • Blanquita

    de Fernando Guzzoni – Chili/Mexique/Luxembourg/France/Pologne – 2022

  • The quiet girl

    de Colm Bairéad – Irlande – 2022

  • La ruche

    de Blerta Basholli – Kosovo/Suise/Albanie/Macédoine – 2021

  • Copyright Van Gogh©

    de Haibo Yu & Kiki Tianqi Yu – Chine/Pays-Bas – 2016

  • Les voleurs de chevaux

    de Yerlan Nurmukhambetov & Lisa Takeba – Kazakhstan / Japon – 2019

  • Grand Frère

    De Liang Ming – Chine – 2019

  • Temporada

    de André Novais Oliveira – Brésil – 2018

  • Lune de Miel

    de Ioana Uricaru – Roumanie – 2018

  • Volubilis

    de Faouzi Bensaïdi – Maroc/France – 2017

  • Mademoiselle Paradis

    de Barbara Albert – Autriche / Allemagne – 2017

  • Atelier de Conversation

    de Bernhard Braunstein – Autriche- 2017

  • Casting

    de Nicolas Wackerbarth – Allemagne – 2017

  • Les Hannas

    de Julia C. Kaiser – Allemagne – 2016

  • Entre deux rives

    de Kim Ki-duk – Corée du Sud – 2016

  • The Bacchus Lady

    de E J-Yong, Corée du Sud, 2015

  • Suntan

    de Argyris Papadimitropoulos, Gréce, 2016

  • Homo sapiens

    de Nikolaus Geyrhalter, Autriche, 2016

  • Sparrows

    de Runnar Runarsson, Islande/Danemark/Croatie, 2015

  • Mountain

    De Yaelle Kayam, 2015, Israël – Danemark

  • Blanka

    de Kohki Hasei -2015 – Italie

  • La chambre d’en face

    de Michael Noer – 2015 – Danemark

  • Censored Voices

    de Mor Loushy – 2015 – Israël/Allemagne

  • Amours, larcins et autres complications

    De Muayad Alayan, 2015, Palestine

  • Les nuits blanches du facteur

    D’Andreï Konchalovsky, 2014, Russie

  • Heinrich Himmler – The Decent One

    De Vanessa Lapa, 2014, Israël / Allemagne

  • The Gambler

    De Ignas Jonynas, 2013, Lituanie / Lettonie

  • Siddharth

    De Richie Mehta, 2013, Canada / Inde

  • Trap Street

    De Vivian Qu, 2013, Chine

  • Hemel

    Sacha Polak, 2012, Pays-Bas

  • Workers

    De Jose Luis Valle

  • Eat, sleep, die

    De Gabriela Pichler, 2012, Suède

  • Ici et là-bas

    De Antonio Méndez Esparza, 2012, Espagne / USA / Mexique

  • Sharqiya

    De Ami Livne, 2012, Israël / France / Allemagne

  • A little closer

    De Matthew Petock, 2010, USA

  • Nouveau souffle

    De Karl Markovics, 2011, Autriche

  • Hors des sentiers battus

    De Dieter Auner

  • Les petites voix

    De Jairo Eduardo Carillo & Oscar Andrade, 2010, Colombie

  • Pure

    De Lisa Langseth, 2010, Suède

  • Voltiges

    De Lisa Aschan, 2011, Suède

  • Un été suédois

    De Fredrik Edfeldt, 2002, Suède

  • Le braqueur – la dernière course

    De Benjamin Heisenberg, 2009, Allemagne

  • Soldat de papier

    De Alexei German Jr, 2008, Russie

  • Norteado

    De Rigoberto Perezcano, 2009, Mexique

  • La nana

    De Sebastain Silva, 2009, Chili

  • Parking

    De Mong-Hong Chung, 2008, Taïwan

  • Parque via

    De Enrique Rivero, 2008, Mexique

  • Amours aveugles

    De Juraj Lehotsky, 2007, Slovaquie

  • 7ème ciel

    D’Andreas Dresen, 2008, Allemagne

  • Un monde sans eau

    De Udo Maurer, 2007, Autriche / Luxembourg

  • Children

    De Ragnar Bragason, 2006, Islande

  • Des chiens dans la neige

    De Ann-Kristin Reyles, 2007, Allemagne

  • Armin

    De Ognjen Svilicic, 2007, Croatie

  • Montag

    De Ulrich Köhler, 2005, Allemagne

  • Lucy

    De Henner Winckler, 2005, Allemagne

  • Guernesey

    De Nanouk Leopold, 2005, Hollande

  • Voyage scolaire

    De Henner Winckler, 2002, Allemagne

  • Marseille

    D’Angela Schanelec, 2004, Allemagne

  • En route

    De Jan Krüger, 2004, Allemagne

  • Le bois lacté

    De Christoph Hochhaüsler, 2003, Allemagne

  • Le faisan d’or

    De Marat Sarulu, 2001, Khirghistan

  • Le pouvoir de la province de Kangwon

    De Hong Sang-soo, 1998, Corée du Sud

  • La vierge mise à nu par ses prétendants

    De Hong Sang-soo, 2000, Corée du Sud

  • Le jour où le cochon est tombé dans le puit

    De Hong Sang-soo, 1996, Corée du Sud

  • Salvajes

    De Carlos Molinero, 2001, Espagne

  • Paragraphe 175

    De Ron Epstein & Jeffrey Friedmann, 1999, Etats-Unis

  • Le retour de l’Idiot

    De Sasa Gedeon, 1999, République tchèque