Caractéristiques
- réalisateur : Andreas Dresen
- année de production : 2008
- date de sortie : 5 novembre 2008
- durée : 98 minutes
- pays : Allemagne
- N° de visa : 121 612
- festivals : Festival de Cannes, Un certain regard, Prix coup de Cœur du jury 2008
Synopsis
Elle ne l’a pas cherché. C’est juste arrivé comme ça. Des regards à la dérobée, une attirance. Pourtant, il n’était pas prévu que ça arrive. Inge a dépassé les 60 ans. Elle est mariée depuis 30 ans et aime son mari. Mais Inge est attirée par cet homme plus âgé, Karl, qui a déjà 76 ans.
Le coup de foudre. L’amour physique. Et d’un seul coup, elle se sent à nouveau comme une jeune fille…
Revue de presse
Monsieur Cinema.com
Une femme est une femme
Les histoires d’amour avec la femme, le mari et l’amant, ce n’est pas vraiment très original au cinéma. Ce qui l’est nettement plus, en revanche, c’est d’aborder le thème avec des protagonistes ayant largement dépassé la soixantaine. Andreas Dresen en a pris le risque, mais va encore plus loin et affronte les tabous. Non seulement il met en scène des comédiens âgés dans un drame sentimental, mais il n’hésite pas non plus à filmer des scènes d’amour qui ne cachent pratiquement rien des corps. Dans JAPON, de Carlos Reygadas, un homme faisait l’amour à une vieille femme. La sexualité y était assez crue. Ici, d’abord surprenante, car elle arrive très tôt dans le film, elle n’est pourtant pas choquante et devient naturelle. Comme le sont les trois merveilleux comédiens principaux et notamment Ursula Werner, bouleversante épouse et maîtresse. Un film d’une rare intelligence, qui trouve d’emblée le ton juste, drôle par moments, émouvant très souvent, qui montre que vivre une histoire d’amour et de passion n’est pas une question d’âge.
Philippe Descottes
Télérama
La sexualité du troisième âge n’inspirerait que les provocateurs et les gérontophiles ? Dans 7e Ciel, l’Allemand Andreas Dresen (Un été à Berlin) s’empare de ce sujet casse-gueule avec une telle délicatesse qu’il réussit à en montrer l’universalité. Femme mariée, Inge, la soixantaine, tombe éperdument amoureuse d’un voisin. Il a 76 ans et devient son amant. Elle décide alors de quitter son mari, l’homme avec qui elle vient de passer trente ans.
Andreas Dresen assume jusqu’au bout l’âpreté de son sujet : pas question d’embellir artificiellement ces corps flétris, de « glamouriser » ces chairs usées. Dans son approche frontale des physiques du grand âge, son parti pris naturaliste révèle paradoxalement cette grâce si singulière qui émane de leur fragilité même. Sans tapage, et sans quitter la sphère de l’intime, le cinéaste démolit les préjugés puritains du jeunisme ambiant : non, la vie sexuelle ne s’arrête pas à 60 ans.
Les vieux de 7e Ciel désirent, se caressent, font l’amour. Ils retrouvent le plaisir sensuel d’être nus en pleine nature. Un jour polissons, un autre maladroits comme des ados à l’instant du premier baiser. On a rarement montré avec autant de justesse et de simplicité l’essence même de la relation amoureuse : compréhension au-delà des mots, reconnaissance mutuelle des corps, claire évidence que rien ne peut contrer. Peu dialogué, le film avance au rythme des pulsions et des obligations de ses personnages.
Car des contraintes, morales, sociales et familiales, ils en ont, comme tout le monde. De là naît la force dramatique du film : loin d’une vieillesse hédoniste et décomplexée à l’approche de l’heure dernière, les amants d’Andreas Dresen devront faire face à leurs responsabilités jusqu’à la fin. Pour tomber amoureux, il n’y a pas d’âge. Pas plus que pour mourir d’amour.
Mathilde Blottière
Première
C’est une histoire d’amour qui arrive sans prévenir et frappe de plein fouet. Inge, mariée à Werner, rencontre Karl, et ils tombent amoureux. Rien de nouveau donc. À ceci près qu’Inge, comme son époux, a plus de 60 ans, et que son amant affiche 76 printemps. Réalisée par Andreas Dresen, un « jeunot » de 45 ans (Un été à Berlin), cette chronique sensible est constamment juste et poignante. Dans l’appartement d’Inge et de Werner, le côté quelque peu étriqué du quotidien est renforcé par la petitesse des pièces et l’étroitesse des couloirs, mais il y règne une complicité immémoriale. Lorsque Inge retrouve Karl, la légèreté et la lumière qui l’envahissent sont palpables. Rien n’est évité, ni les scènes de sexe ni la nudité. Le spectateur ne se trouve pour autant jamais en position de voyeur. Du grand art.
Isabelle Danel.
Le Monde
7ème ciel” : l’amour après
C’est une histoire de tous les jours, une banale histoire d’adultère. Mariée avec un homme qu’elle aime, Inge est attirée par l’un de ses clients. Elle fait des travaux de couture à domicile, et ce monsieur qui lui avait demandé une retouche pour un pantalon la met dans tous ses états. Un jour, la séance d’essayage dérape. Inge se sent si bien dans les bras de son amant, cette liaison lui donne un tel coup de jeune, qu’elle met son couple en péril.
En dépit de cette situation qui s’apparente à un cliché, Septième ciel pourrait être un film dérangeant. A cause de l’âge des protagonistes de cette idylle : elle a 60 ans, et Karl, l’irrésistible célibataire en a 76. Et parce que, contrairement à ce qui arrive le plus souvent (le mari quitte son épouse pour une femme plus jeune), c’est la femme qui quitte son époux, pour un homme plus âgé. Mais ces considérations sont à mille lieues de ce qui préoccupe Andreas Dresen, et le piège dans lequel le spectateur est invité à ne pas tomber est de refuser le spectacle de ces corps vieillis, de condamner cette histoire d’amour pour l’unique raison qu’elle touche deux personnes du troisième âge. Loin de chercher le scandale, loin de susciter un jugement moral, loin des idées établies, le cinéaste invite à regarder cette histoire d’amour comme une histoire d’amour, à accepter que des sexagénaires aient un coup de foudre et que des amoureux n’aient pas éternellement la plastique de leurs vingt ans, à tolérer qu’ils aient encore des rapports sexuels.
Les qualités du film résident dans l’espèce de tranquillité avec laquelle il évoque cette idylle, sans tapage ni hypocrisie. Dresen dit et montre ce qui est, de manière à la fois touchante, sensible, et frontale. Ce couple s’aime physiquement, de façon explicite. Il montre Inge se regardant nue devant sa glace, et raconte comment la culpabilité l’assaille, comment elle tente de lutter contre ce qui est à la fois un bonheur inespéré et une malédiction, ce qui l’empêche de dormir la nuit. Comment elle décide de ne plus revoir Karl, puis se cache, puis avoue tout à celui avec lequel elle vit depuis trente ans. Cet hymne à la liberté de vivre pleinement son désir ne fait pas abstraction du regard social, de la réticence de ceux qui ne raisonnent qu’en fonction du respect des convenances, de la souffrance que provoque ce bonheur brutal chez sa principale victime (l’époux) et sa bénéficiaire (Inge, crucifiée). Le film est simple, ses images fortes, ses acteurs justes.
Jean Luc Douin