Caractéristiques
- réalisateur : Fredrik Edfeldt
- année de production : 2009
- date de sortie : 26 janvier 2011
- durée : 85 minutes
- pays : Suède
- festivals : Festival d’Arras 2009 Atlas d’or – Festival de Berlin 2009 mention spéciale meilleur premier film.
Synopsis
Une fillette se retrouve seule avec sa tante immature pendant que sa famille participe à une mission humanitaire en Afrique.
Par un ingénieux stratagème, elle parvient à éloigner sa tante et reste seule maîtresse dans sa maison isolée à la campagne. Durant ces quelques jours de solitude, la jeune fille expérimente l’amitié décevante, l’éveil du corps et des sensations inconnues allant de la tendresse à l’inconsolable tristesse. Au retour de ses parents, la fillette est devenue une adolescente.
Revue de presse
Le Point
Révélation au pays de Bergman
Un premier film épuré et sensible sur l’enfance et le passage à l’adolescence. Quelque part dans la province suédoise… Une fillette déprime quand elle apprend que ses parents vont quitter pendant quelques semaines la maison familiale. Contrainte de cohabiter avec sa tante irresponsable, la gamine s’invente un univers mental parallèle et fait tout pour éloigner sa tante de son quotidien. Elle y parvient et se retrouve bientôt seule. Pour son premier film très prometteur, Fredrik Edfeldt ne choisit pas la voie de la facilité. Ce n’est pas un scoop : la représentation de l’enfance au cinéma s’abîme trois fois plutôt qu’une dans la niaiserie ou les surenchères lacrymales. Rien de tel dans Un été suédois. Avec une délicatesse et une maîtrise formelle constantes, le cinéaste rend compte de la sensibilité à vif et de la perception du monde de sa jeune héroïne qui, abandonnée à elle-même, découvre des sentiments qui témoignent de son passage à l’adolescence. Épuré, sensible, remarquablement mis en scène, un film qui révèle un cinéaste. À suivre de près.
Olivier de Bruyn
Studio Ciné Live
La qualité de de premier long métrage est l’extrême douceur avec laquelle le réalisateur parvient à filmer ce parcours initiatique. Le scénario comme la mise en scène préfère la suggestion aux messages livrés clé en main. Il installe avec pudeur des sensations contraire comme la tendresse, la tristesse, la déception, la joie… En les mettant au diapason, il parvient à restituer ce qu’il y a de plus précieux dans l’enfance : l’innocence. En cela, cet Eté Suédois est un petit miracle !
Thomas Baurez
Le Figaroscope
L’été, dans la campagne suédoise, le regard d’une gamine de dix ans sur le monde des adultes et son éveil à la vie. Un joli film réalisé avec beaucoup de grâce.
Jean-Luc Wachthausen
Le Monde
Sous le soleil suédois, la chronique délicate d’un passage à l’âge adulte.
Film pour enfants ou portrait d’enfance ? La qualité de cette histoire d’un été initiatique est de brouiller les repères. Meilleur premier film à Berlin en 2009, primé à Arras la même année, doté d’une photo magnifique due à Hoyte van Hoytema (le chef opérateur de Morse de Tomas Alfredson), cette histoire n’est pas sans évoquer la fameuse Fifi Brindacier, héroïne d’un roman pour la jeunesse d’Astrid Lingren, une petite rouquine haute comme trois pommes et turbulente comme les mômes des films de Luigi Comencini. Fifi Brindacier inspira les punkettes allemandes des années 1980 et la Lisbeth Salander du Millenium de Stieg Larsson. Cheveux orange mais pas coiffés en couettes comme l’était Fifi, l’héroïne d’Un été suédois, 10 ans, s’apprête à partir en Afrique avec ses parents lorsque ceux-ci lui annoncent qu’elle est trop jeune pour les accompagner. Engagés dans une mission humanitaire, ils la confient à une tante immature qui, préoccupée par ses aventures avec des hommes, la laisse seule dans sa maison à la campagne.
Livrée à elle-même, alternant des virées solitaires dans la nature, un bref séjour chez une amie, des jeux innocents avec un petit garçon qui “sent la basse-cour “, celle qu’un voisin bienveillant a surnommée “Visage pâle” passe en quelques semaines de l’enfance à l’adolescence. Une mutation symbolisée par le saut d’un plongeoir qu’elle s’autorise après avoir rechigné jusque-là à s’y risquer.
Ce qu’elle découvre n’a rien de spectaculaire, et Fredrik Edfeldt suggère son appréhension de sensations inconnues avec beaucoup de délicatesse. Peu de dialogues dans cette chronique ensoleillée, portée par une toute jeune actrice à croquer, que le générique désigne sous le nom de “la fille”.
Promenades en vélo, pêche en rivière, ivresse de goûter une liberté forcée, puis enivrante, de sentir le vent sur son minois, de se débrouiller comme une grande, de mentir, faire ses courses, se faire véhiculer, regarder la télé, dormir dans le lit des parents, franchir la grille du jardin.
Cet apprentissage passe par la déception (son amie, plus âgée qu’elle, l’embarque dans une escroquerie et orchestre des humiliations) et l’éveil du corps (yeux écarquillés devant la prof de natation qui se montre nue dans les vestiaires, et consultation curieuse du dictionnaire, à la page des seins).
La pesanteur de la solitude alterne avec le bonheur de gérer son emploi du temps, l’angoisse quand elle craint d’avoir commis un geste irréparable (nuit fantastique qui la voit arracher le fil du téléphone), l’irruption d’heures tristes et les gestes tendres (sans ambiguïté) échangés avec un jeune homme qui l’initie aux joies de la montgolfière. “La fille” comprend beaucoup de choses en observant les adultes : les frustrations sentimentales de sa tante, la vie étriquée d’un couple, les pulsions, le sida. Un doute s’insinue lorsque se referme cette parenthèse aussi inquiétante qu’enchantée, que les parents la retrouvent bien peignée, rangée, grandie. A-t-elle fantasmé cet été, ces épisodes plus ou moins bienheureux ? Ou est-ce plutôt son passage à un âge plus mûr qu’elle a vécu avec cette sérénité poétique, cette cruelle innocence ?
Jean-Luc Douin
L'Express
C’est moins drôle que Maman, j’ai raté l’avion, mais ce n’était pas le but. La comparaison découle du sujet : la jeune héroïne d’Un été suédois se retrouve seule à la maison après le départ de ses parents et celui, plus inopiné, de sa tante censée la garder. Deux mois à devoir s’assumer sans que les voisins ni les copines se doutent de quoi que ce soit. Le ton intimiste est immédiatement donné par la lumière diffuse et soignée de Hoyte Van Hoytema, le chef opérateur que tout le monde s’arrache depuis Morse (il travaille désormais beaucoup aux Etats-Unis). De belles images qui pallient un manque d’audace scénaristique, l’auteurréalisateur optant pour des échappées bucoliques et un propos assez attendu. Le film n’en demeure pas moins agréable et apaisant, porté par une fillette étonnante qui mérite d’être citée : Blanca Engström. C’est fait.
Christophe Carrère
Première
L’enfance, thème fétiche du cinéma ! Mais ce premier long ne verse ni dans le gnangnan ni dans le sordide. Photo magnifique (le chef op de Morse est aux commandes), cadres serrés, visions morcelées, partielles, d’une gamine de 10 ans aux airs de Fifi Brindacier. Ses parents partis faire de l’humanitaire en Afrique, elle se retrouve livrée à elle même, à l’intrusion des adultes et à la cruauté des adolescentes. À la liberté et à l’angoisse. Au repli sur soi et à l’amitié. Au vent et au soleil. Au fil des jours, le cadre s’élargit, et une autre petite fille surgit. Changée. Résolue.
Isabelle Danel
Télé Ciné Obs
Cet été-là, la petite Suédoise (on ne connaîtra jamais son prénom) reste seule. Elle est sur cette frontière incertaine qui sépare l’enfance de la prépuberté. A la fois heureuse d’être laissée à elle-même mais un peu angoissée, la fillette va de découverte en découverte : mélancolie, joie, tristesse, toute la gamme des émotions joue. A la fin de l’été, elle sera passée de l’état de gamine à celui d’adolescente… Rien de traumatique, de brutal ou de désagréable : le metteur en scène, Fredrik Edfeldt, signe un premier film poétique, délicat, touchant. On est ici dans une sorte de journal intime, amusant, émouvant, parfois cruel, avec une atmosphère très juste.
François Forestier
Télérama
Dans le genre archi rebattu du récit initiatique, ce premier film suédois parvient à éviter les clichés nostalgiques sur l’enfance et à surprendre. Une fillette de 10 ans se retrouve seule le temps des vacances : ses parents n’ont pas voulu l’emmener en Afrique, et sa tante, qui devait la garder, est partie à son tour pour une escapade amoureuse ! Livrée à elle-même, la gamine découvre les joies, mais aussi les angoisses, de la liberté.
La lumière apaisante de l’été suédois (superbe photo de Hoyte Van Hoytema, le chef opérateur du film de vampires Morse) se révèle un trompe-l’oeil. Même les scènes les plus enjouées recèlent des détails qui en relativisent la sérénité : quand l’héroïne et son copain fermier jouent dans la grange en toute innocence, le plan ?débute par l’image fugitive d’une carcasse ensanglantée. Dans la campagne tranquille, la menace sourd, qu’elle soit liée aux adultes (des vieux messieurs égrillards qui demandent à leurs petites voisines de les embrasser) ou aux enfants eux-mêmes : une séquence glaçante d’humiliation sexuelle rappelle à quel point filles et garçons peuvent être cruels entre eux. Tous les jeunesinterprètes sont remarquables de naturel, mais le charme du film de Fredrik Edfeldt doit beaucoup à la petite Blanca Engström. Aussi rousse et butée que Fifi Brindacier, mais bien plus fragile…
Samuel Douhaire