Caractéristiques
- Réalisateur : Andreï Kontchalovski
- Année de production : 2014
- Date de sortie : 15 juillet 2015
- Durée : 101 minutes
- Pays : Russie
- N° de visa : 142 709
- Festivals : Festival de Venise 2014 Lion d’Argent
Synopsis
La vie dans un village russe perdu en pleine campagne. L’unique manière d’atteindre le continent est de traverser le lac. Le facteur est le seul rapport des habitants du village avec le monde extérieur. Mais quand celui-ci se fait voler son moteur, il décide de partir vivre en ville …
Revue de Presse
PREMIÈRE
Cet étrange “objet” cinématographique arrive enfin sur nos écrans après avoir valu au cinéaste russe le Lion d’argent du meilleur réalisateur au festival de Venise. D’une beauté formelle à couper le souffle avec ses couleurs inouïes, ce film, entre documentaire et fiction, observe des non-acteurs vivant sur une île. Tout ce qui est du domaine du réel (allées et venues du facteur Aleksey en barque, rapport aux autochtones) fonctionne très bien. Mais quand le film tente de faire des incursions dans la fiction, c’est plus aléatoire. Sauf lors d’une scène époustouflante durant laquelle Aleksey emmène un enfant terrifié dans un marais et lui raconte une histoire de sorcière.
Isabelle DANEL
POSITIF
Depuis son retour en Russie après quinze années passées en Amérique dans les années 1980 et 1990, Andrei Kontchalovski s’était fait discret. Les Nuits blanches du facteur marquent à la fois un retour aux sources et une belle capacité de renouvellement. Le cinéaste retrouve les récits réalistes de ses débuts, tels Le Premier Maître ou Le Bonheur d’Assia, tout en innovant par un dispositif très singulier. Désireux de filmer la vie d’une personne réelle dans son quotidien, il a choisi un facteur de la région d’Arkhangelsk, au nord de Moscou, en bordure dulac Kenozero. Le facteur Tryapitsyn a un rôle primordial pour des habitants qui, malgré les progrès technologiques, vivent encore à l’écart du monde moderne : il leur apporte le courrier,certes, mais aussi leurs pensions de retraite, du pain ou des médicaments, et constitue leur lien essentiel avec la civilisation. Le statut du film est en lui-même passionnant. Tous les personnages interprètent leur propre rôle, à l’exception de l’amie d’enfance du facteur et de son fils, interprétés par une actrice professionnelle et un jeune comédien, et ne font rien de plus que ce qu’ils font d’ordinaire. (…) Dès lors, le film oscillera sans cesse entre la minutie documentaire et la volonté de capter la vie intérieure, un flux d’émotions qui donne à l’oeuvre une dimension universelle. (…) Si le cinéaste se dit inspiré par deux maîtres, Anton Tchekhov et Robert Bresson, le premier surtout hante ces Nuits blanches…au moins autant que le chat gris qui vient mystérieusement sE poser sur l’armoire ou le lit du facteur. (…) Grâce à la sobriété de sa mise en scène, dominée par les plans fixes, lA répétition de gestes quotidiens, le cinéaste tient à distance tout pittoresque. Au contraire, c’est la mélancolie qui sourd bientôt de tous ces personnages, et d’abord de l’un des voisins : « J’ai du vague à l’âme. Tout le temps. Ça s’en va quand je suis saoul. Ça va mieux quand je bosse. Et encore. Avec l’âge, tout paraît gris. » On voudrait quitter ce monde hors du monde, secouer sa vie. Quand la femme qu’il aime depuis l’enfance et son fils repartent pour la ville, le facteur tente aussi de gagner Arkhangelsk pour rejoindre sa soeur, partie depuis bien longtemps. Mais la mélancolie n’est pas moindre dans cette ville où passent des trains de marchandises interminables. Et notre héros, comme ceux de Tchekhov, de retourner au bord de son lac, si loin, si proche d’un monde moderne qui prend la forme d’une fusée s’élevant majestueusement derrière deux amis indifférents, assis sur une barque retournée. De cette chronique simple et ordinaire, Kontchalovski faitnaître un fantastique plein de douceur. Son oeil, son ouïe sont si sensibles que le bruissement des feuilles agitées par le vent, les vaguelettes qui se forment sur le lac, l’ombre qui baigne un sousbois ont une présence inquiétante ou magique. La séquence la plus emblématique de cette perméabilité incomparable au monde invisible est celle de la quête de la sorcière aquatique Kikimora, dont le facteur a affirmé au jeune fils de son amie Irina qu’elle volait les enfants. Le bateau avance, moteur coupé, sur une rivière qu’un dense sous-bois assombrit. Le soleil passe difficilement à travers les arbres qui couvrent l’eau. Le silence prend une épaisseur palpable, tandis que le visage de l’enfant se transforme. D’abord fanfaron, il fond soudain en larmes. Le travail sur le son est magnifique, qui participe beaucoup à l’apparition d’une atmosphère magique. Quand le facteur sillonne le lac, le son de son moteur s’estompe alors que monte une musique à peine perceptible, celle d’Eduard Artemyev, qui évoque Tarkovski (il composa les partitions de Solaris etde Stalker), mais aussi certains des plus beaux films de NikitaMikhalkov (Partition inachevée pour piano mécanique, Quelques jours de la vie d’Oblomov). La musique, comme le chat des nuits du facteur, apparaît et disparaît sans qu’on y prenne garde, comme un personnage invisible et bienveillant, et donne tout son sens à la citation de La Tempête qui referme le film : « Où cette musique peut-elle être ? Dans l’air ou sur la terre ? » Dans l’oeuvre de Shakespeare, le personnage de Ferdinand poursuit : « Sûrement, elle accompagne – quelque dieu de l’île. »
Jean-Dominique Nuttens
TÉLÉRAMA
Pourquoi, à son réveil, ce chat gris le regarde-t-il ? Et d’où sort-il, d’abord ? Il n’en existe pas dans la région… Liocha est le facteur de ce coin perdu du nord de la Russie. Chaque jour, dans son canot à moteur, il traverse l’immensité du lac Kenozero pour transmettre à des habitants de plus en plus rares quelques lettres, leur pension (maigrichonne), du pain, des ampoules et les journaux. Il les connaît tous : Youri, un vieux type mince à la voix de basse, qui s’étonne que son âme le fasse tant souffrir ; « Brioche », qui chancelle sur les chemins, ivre mort à jamais ; « Le Marin », qui évoque sans cesse les petites femmes du Vietnam ; sans oublier Irina, une copine d’enfance à qui Liocha ferait bien la cour, si elle voyait en lui autre chose qu’un vieux clown gentil et pathétique…
De ses débuts russes (Le Bonheur d’Assia) à ses réussites hollywoodiennes (Le Bayou), Andrei Konchalovski a toujours aimé les intrigues à la lisière du documentaire. Des histoires où l’imaginaire est aux aguets, mais où le quotidien l’emporte — celui de petites gens sans importance, à ses yeux essentiels. Ici, avec des comédiens amateurs, il filme une Russie éternelle, immuable, où les êtres humains, tels des hôtes de passage, semblent s’effacer, enfin, pour rendre à la nature sa pureté, un instant troublée. Avec son canot bientôt sans moteur (on le lui a volé !), Liocha devient un messager sans message : Konchalovski le montre soudain perdu, assis sur le dos d’une barque, en compagnie du pote à l’âme douloureuse et du chat gris qu’il est le seul à voir. Etrange trio au bord de l’irréel…
Car le fantastique souffle sur ce conte naturaliste. Il suffit de quelques notes duRequiem de Verdi pour que le lac, immense et paisible, devienne sombre et inquiétant. Assis au côté de Liocha, un gamin, qui se pensait trop grand pour croire aux sortilèges, est saisi d’effroi à l’idée d’être emporté au fond des eaux par une sorcière dont le nom rigolo — Kikimora — dissimule les plus noirs desseins. Mais Verdi s’envole, l’ombre de Kikimora s’éloigne. Le monde s’éclaire à nouveau. Et la pureté triomphe… — Pierre Murat
MARIANNE
Un facteur très humain !
Récemment invité à Paris, pour présenter son dernier film, Les Nuits blanches du facteur lors d’une avant-première, le cinéaste russo-américain Andreï Kontchalovsky a lâché, laconique : « Que voulez-vous que je vous dise maintenant ? Vous n’avez pas encore vu le film. Et après ? Vous l’aurez vu ! » Avant de se lancer dans un laborieux monologue sur la nécessité, lorsqu’on prépare un film, d’en trouver le financement et les acteurs… Et à la fin de la projection, le public un brin frustré a vainement attendu le retour de l’éminent septuagénaire…
Pour autant, la salle était enchantée : Les Nuits blanches du facteur Alexeï Tryapitsyn (le titre original russe précise son patronyme), dix-neuvième film du frère de Nikita Milkhalkov, est un régal ! Tourné avec des « vrais gens », pour reprendre l’expression de son auteur, dans leur véritable village de Kocitsyne au cœur du parc naturel de Kenozero, dans la région d’Arkangelsk, au nord-ouest de la Russie, le film nous transporte dans une Russie délicieusement inédite. On échappe ici à l’image habituelle des villages désertés et abandonnés, ravagés par l’alcoolisme. Si l’un des voisins de notre postier, vieux et fragile, dépense bien toute sa retraite en vodka, Alexeï Tryapitsyn, lui-même alcoolique repenti, le sermonne gentiment et le ramène chez lui dès qu’il s’égare dans les vapeurs de l’éthylisme.
Un cheveu sur la langue, le propos volontiers philosophe, Alexeï Tryapitsyn s’éprend sous nos yeux de la seule actrice professionnelle du film, accompagnée de son fils. Ils ne se marieront pas et n’auront pas beaucoup d’enfants, en dépit de la complicité qui se noue entre Alexeï et le fils de sa belle. Un drame viendra briser la vie calme et bucolique du fringant facteur, au point de lui faire quitter son paradis pour se réfugier un temps en ville. Mais le brave Alexeï n’est pas le genre urbain et son exil volontaire ne durera pas.
Récompensé par un Lion d’argent à Venise l’an dernier, ce film pareil à nul autre nous révèle avec une grande justesse les hauts et les bas de la vie sur la terre russe. Foudroyant !
Anne Dastakian
Où voir le film ?
PARIS
MK2 BEAUBOURG
MK2 HAUTEFEUILLE
7 PARNASSIENS
ELYSÉES LINCOLN
LOUXOR
PÉRIPHÉRIE
à partir du 15 juillet
SAINT OUEN L’AUMONE UTOPIA
SAINT GRATIEN LES TOILES
MONTREUIL LE MÈLIES
à partir du 22 juillet
ORSAY JACQUES TATI
SCEAUX LE TRIANON
BOBIGNY LE MAGIC CINÉMA
à partir du 5 août
TREMBLAY EN FRANCE JACQUES TATI
à partir du 19 août
IVRY SUR SEINE LE LUXY
SAINT DENIS LES ÉCRANS
à partir du 26 août
FONTENAY SOUS BOIS LE KOSMOS
à partir du 2 septembre
MONTGERON LE CYRANO
à partir du 9 septembre
VIRY CHATILLON LE CALYPSO
PROVINCE
À partir du 15 juillet
Angers Les 400 coups
Avignon Utopia
Aix en Provence Le Mazarin
Besançon Le Victor Hugo
Biarritz Le Royal
Bordeaux Utopia
Chatellerault Les 400 coups
Clermont Ferrand Le Rio
Dié Le Pestel
Grenoble Le Club
Hérouville St Clair Le café des images
Lille Le Métropole
Montpellier Le Diagonal
Nancy Le Caméo
Nantes Le Katorza
Nice Le Rialto
Poitiers Le TAP
Rennes Le TNB
Rouen l’Omnia
Strasbourg Le Star
Toulon Le Royal
Toulouse Utopia
Tours Les Studios
À partir du 22 juillet
Orléans Les Carmes
Pessac Le Jean Eustache
Fréjus Le Vox
À partir du 29 juillet
Bourgoin Jaillieu Le Méga Royal Martigues Le Jean Renoir
Laignes Le Vox
À partir du 5 août
Auxerre Circuit Panoramic
Agen Studio Ferry
Gap Le Club Pont l’Evêque Le Concorde
Privas Le Vivarais
À partir du 12 août
Caen Le Lux
Fos sur Mer l’Odyssée Montpellier Utopia
Quimper Le chapeau rouge
À partir du 19 août
Châteauroux l’Apollo
Mouans Sartoux Le Strada
Salon de Provence Les Arcades
Saint Étienne Le Méliès St François
Villeurbanne Le Zola
À partir du 26 août
Annecy MJC Novel
Nîmes le Sémaphore