Caractéristiques
- réalisateur : Benjamin Heisenberg
- année de production : 2009
- date de sortie : 10 novembre 2010
- durée : 90 minutes
- pays : Allemagne
- N° de visa : 128 099
- festivals : Festival de Berlin 2010
Synopsis
Le Braqueur raconte l’histoire d’un homme aux multiples talents : Johann Rettenberger, marathonien couronné de succès et braqueur de banques multirécidiviste. Il mesure avec sobriété et précision son rythme cardiaque, son poids, son endurance et son efficacité, aussi bien lorsqu’il court que lorsqu’il braque des banques. Son forfait accompli, il échappe aux forces de l’ordre le visage couvert d’un masque absurde et armé d’un fusil à pompe. Il vit caché à Vienne avec son amie Erika et ne cesse de se déplacer, pour aller commettre ses forfaits (jusqu’à trois par jour), grisé par le voyage, le mouvement et la beauté du braquage. Lorsqu’il est découvert, ses pas l’entraînent devant un important barrage de police. Un homme tel que lui ne peut avoir de but : sa fuite l’emmène loin, toujours plus loin.
Revue de presse
Le Monde
Le Braqueur” : la solitude du braqueur de fonds
Johann Rettenberger est un homme qui vient de passer plusieurs années en prison. Les premières images du Braqueur le montrent courant méthodiquement en faisant le tour de la cour du bâtiment pénitentiaire avant de regagner sa cellule, où il continue de s’entraîner, cette fois-ci sur un tapis roulant. A peine sorti, l’homme semble vouloir continuer ses activités sportives. Il ne cesse de courir et s’inscrit au marathon de Vienne, dont il sort vainqueur. Il est impossible, pour le spectateur, de ne pas se trouver, à ce niveau du récit, dans la position de celui qui espère une rédemption pour le personnage principal du film. L’obsession de celui-ci pour la course à pied semble contenir l’illusion d’une guérison, dans et par la société, des errements qui l’ont conduit en cellule. Le salut par le sport ? Le premier intérêt du film de Benjamin Heisenberg est, bien sûr, de décevoir cette attente angélique. De plusieurs manières.
Colère rentrée
L’homme a, en effet, repris ce que l’on suppose être ses mauvaises habitudes. Il braque, en solitaire, le visage masqué et armé d’un fusil à pompe, les agences bancaires, selon une méthode très primitive, du type “Prends l’oseille et tire toi !” Ses talents de coureur de fond lui permettent d’échapper à la police lorsque celle-ci le serre d’un peu près.
L’histoire est, paraît-il, inspirée d’événements réels : les agissements d’un bandit solitaire, Johann Kastenberger, surnommé “Pumpgun-Ronnie” dans l’Autriche de la fin des années 1980. Mais le fait divers est très vite oublié au profit de ce sentiment d’inconfort éprouvé par le spectateur en attente de l’hypothétique rachat. Cette impression s’accroît en raison même de la difficulté à faire entrer le personnage principal dans une caractérisation psychologique convenue, crédible, rassurante. Qu’est-ce qui fait courir Johann Rettenberger ?
Le Braqueur dresse le portrait d’un individu qui ne se dévoile pas. Sa révolte, s’il s’agit bien de cela, ne s’énonce jamais véritablement. De surcroît, l’argent volé ne semble guère intéresser ce bandit solitaire, longtemps imperméable aux sentiments. Seule reste l’expression d’une colère rentrée qui s’extériorise progressivement, notamment lorsqu’il s’en prend au policier chargé de veiller à sa réinsertion. Ce caractère obtus concourt à rendre le personnage antipathique et freine toute identification.
L’interprétation d’Andreas Lust contribue à éviter toute psychologie convenue. C’est que le héros du film de Benjamin Heisenberg est d’abord un homme qui court, une figure qui s’identifie essentiellement à sa trajectoire et à ses mouvements. Ce minimalisme comportementaliste peu disert devient une des qualités du film.
Mais ce refus de la psychologie classique n’empêche pas Le Braqueur de raconter ce que l’on devine progressivement être, malgré tout, un itinéraire moral un peu désespéré. C’est la rencontre avec une femme, une amie qui l’hébergera à sa sortie de prison et avec qui il aura une liaison, qui le forcera à affronter (trop tard) une vérité des sentiments. Ce que confirmeront les dernières minutes d’un film qui aura, mine de rien, épousé la structure du Pickpocket (1959) de Bresson. Quel étrange chemin un homme doit parfois parcourir avant de comprendre qu’il aime un autre être…
Film autrichien de Benjamin Heisenberg avec Andreas Lust, Markus Schleinzer, Franziska Weisz. (1 h 37.)
Jean-François Rauger
Télérama
En prison, Johann s’entraîne sans cesse : dans la cour et même dans sa cellule. Et dès qu’il sort, il attaque les banques. Il court et il braque : il ne fait que ça, c’est plus fort que lui, pire qu’une drogue… Dans l’Autriche des années 1970, ce coureur-braqueur a existé : on l’appelait « Pumpgun-Ronnie » parce que, muni d’un fusil à pompe, ce champion de marathon s’affublait, pour ses hold-up, d’un masque de Ronald Reagan. C’est un déguisement presque plus effrayant que revêt le Johann du film : un double plastifié, une seconde peau lisse, inhumaine, où seuls ses yeux semblent vivants, dévorés, non pas de rage comme chez ce grand pourfendeur de l’Autriche qu’était Thomas Bernhard, mais d’obstination suicidaire. Le devoir de ne jamais rester immobile dans ce pays qui l’est perpétuellement…
Le lieu où vit sa copine, par exemple, semble n’avoir pas changé depuis des années. Erika elle-même semble posée là depuis des siècles, offrant du chocolat – la même marque – à ses rares invités. L’appartement est sombre, tranquille, bien découpé en pièces qui ne communiquent pas. Une prison de plus, en fait, qui ne peut exacerber en Johann que son sentiment d’inexistence, d’abandon universel. « Ça vient de l’intérieur, explique-t-il à Erika, lors de son seul moment d’abandon. Je suis mort : dans ma tombe. Mais j’ai tellement d’énergie que je ressuscite. Juste pour résister. »
Peu à peu, le réalisateur fait de cet être en fuite le héros d’un polar étrange, fascinant, presque « melvillien » dans son épure : peu de dialogues, des sentiments à peine suggérés et des scènes d’action filmées avec le soin d’éviter l’esbroufe, le tape-à-l’oeil. Comme si le spectaculaire était, comme le travelling de Godard, une affaire de morale… La tension permanente aboutit à une traque magnifique dans une forêt où des flics, réduits à de petites lumières dans le noir, cernent un fugitif qui, sans cesse, leur échappe. Jusqu’au dénouement implacable – les grands films « noirs » sont toujours des tragédies – où le temps s’étire, alors qu’il n’y a plus rien à vivre. On y voit, on y sent un homme à bout de souffle accueillir, soupir après soupir, la délivrance.
Pierre Murat
Les Inrocks
Le parcours haletant d’un braqueur énigmatique. Encore une belle surprise venue du jeune cinéma allemand.
La “nouvelle vague” du cinéma allemand ne faiblit décidément pas. Alors que les Christian Petzold, Christoph Hochhäusler ou Angela Schanelec enchaînent les bons films, voici le moins connu (du moins en France) Benjamin Heisenberg et son superbe Braqueur, repéré à la dernière Berlinale, où il était aisément l’un des deux ou trois meilleurs films de la compétition officielle.
Le braqueur, c’est un certain Johann Rettenberger (impeccable Andreas Lust), trentenaire sec et osseux, visage de sphinx, allure de quidam ordinaire – le genre de type que l’on ne remarquerait absolument pas au milieu d’un groupe. Et pourtant, Rettenberger possède un certain nombre de particularités sortant de l’ordinaire. D’abord, comme le suggère le titre, il braque des banques. Oui, des banques, pas simplement une. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de faire un coup puis de se tirer avec le fric sous les cocotiers d’un quelconque paradis fiscal ou judiciaire, comme dans les films de braquage habituels.
Non, le hold-up bancaire semble pour Rettenberger une activité nécessaire à son équilibre, une addiction, un défi existentiel, un exercice sportif. D’ailleurs, deuxième particularité de notre homme, il est également champion de marathon. Il s’entraîne régulièrement, participe à des courses, qu’il gagne.
Il y a évidemment un lien étrange mais fort entre les deux disciplines pratiquées par Rettenberger. Les deux sont pourvoyeuses d’adrénaline, suscitent un esprit de compétition avec les autres, mais peut-être encore plus avec soi-même. On ne sait trop en quoi les braquages aident le coureur, mais on voit bien comment la course d’endurance est utile au braqueur, en lui garantissant vitesse, agilité, résistance physique.
Le braqueur-coureur a aussi une vie, il fréquente une jeune femme, qui ignore tout de ses activités dans le secteur financier. Mais, et c’est une autre singularité du personnage, Rettenberger semble privé d’affect, indifférent à tout. A la fois absent au monde et d’une présence hyperconcentrée au moment des courses ou des braquages, Rettenberger est un paradoxe fait homme, oscillant entre les deux pôles de la représentation cinématographique des corps humains, l’incarnation et le spectre.
A côté de sa forte teneur théorique et de sa portée métaphysique, voire de sa dimension politique (à l’heure où les banques sont à juste titre pointées du doigt comme principales responsables et bénéficiaires de la crise, ce braqueur s’en prend finalement aux plus grands voleurs de notre époque), Le Braqueur est aussi un film d’action jouissif, digne des meilleurs représentants américains ou asiatiques du genre. Les séquences de hold-up sont mises en scène avec une précision, une netteté et une dimension physique admirables.
Quant à la longue et haletante fuite finale (une quinzaine de minutes dont on ne dévoilera pas l’issue), c’est l’un des plus purs moments de cinéma et de mise en scène que l’on ait vus de mémoire récente. Pas de dialogue, pas de graisse, que des plans, du mouvement, du montage, de la géométrie, de la sculpture de temps et d’espace : Bresson, Melville, Johnnie To sont les référents qui viennent à l’esprit.
“Mouvement” est sans doute le mot-clé résumant Rettenberger. Incapable de se poser, de se fixer une place dans la société, c’est un homme d’action au sens le plus concret et le plus immédiat, un corps en mouvement perpétuel dont le centre existentiel est la marge, la fuite. “Born to run” pourrait être sa devise, sa morale.
Si Heisenberg se montre magnifique rythmicien et géomètre, il n’explicite jamais les motivations de son héros. Cette opacité avait gêné la critique US à Berlin : elle aimait le film tout en regrettant son absence d’éclaircissements.
En effet, hormis ses actes, son pur présent, on ne sait pas grand-chose de Rettenberger, de son milieu familial, de son enfance, des raisons qui l’ont fait basculer. Mais ce mystère du braqueur, laissant le champ totalement ouvert à la réflexion des spectateurs, participe évidemment de la beauté laconique de ce film impressionnant de rigueur et de cohérence.
Serge Kaganski
La Croix
Le fugitif aux semelles de vent
Remarqué lors du dernier Festival de Berlin, Benjamin Heisenberg réalise un fascinant thriller existentiel et métaphysique, sur la trajectoire suicidaire d’un hors-la-loi irratrapable
Il court, il court et ne s’arrête jamais. Il fuit et se fuit. S’enferme dans un silence que rien, ni personne ne parvient à fracturer. Ses motivations demeurent secrètes. Cet ancien prisonnier qui a entretenu sa forme, de manière scientifique, à l’écart des autres, est libéré mais ne cherche pas à se réinsérer.
Johann Rettenberger continue de courir et reprend ses habitudes de braqueur, visage encagoulé. Il est hébergé par son ancienne amie qui a voulu croire en lui, de nouveau, malgré un fond d’hésitation qui ne demande qu’à être vaincu.
Une fugue vers nulle part
L’ex-taulard, au visage glabre, au regard impénétrable, au mutisme inquiétant, au mystère insondable, est suivi, de loin en loin, par un agent de probation, soucieux de son avenir mais qui a le tort de vouloir demander des comptes à ce rebelle inaccessible aux attentions des autres et de se poster au coeur de sa trajectoire.
Il gagne même le marathon de Vienne et d’autres courses mais veut rester dans l’ombre. Il ne tire aucun profit de sa soudaine, imprévue, notoriété et ne demande qu’à reprendre sa course folle, ses casses expéditifs et sauvages. Il se surveille et s’astreint à la mesure régulière et permanente de son rythme cardiaque, comme s’il s’agissait de la seule preuve de son existence. Il lui arrive d’aligner plusieurs braquages dans la même journée dont il s’échappe en courant. Un jour, sa fuite tourne mal.
Les policiers sont sur ses traces et il est traqué comme une bête perdue. Intelligent et habile, le fugitif trouve d’infinies ressources pour se « sauver » mais, depuis le début, faute de s’être ménagé des portes de sortie, sa course suicidaire ne peut le mener que nulle part…
Thriller existentiel
Inspiré d’un fait divers en Autriche où un braqueur s’était fait connaître en commettant ses forfaits avec un masque de Reagan sur le visage, ce film intense avait frappé les esprits lors du dernier festival de Berlin. Réalisé par un jeune cinéaste autrichien de 35 ans, Benjamin Heisenberg, cette oeuvre fascine.
Tendue de bout en bout, sans esbroufe, collée au personnage et à son absence de motivation, interprétée par un acteur (Andreas Lust), impressionnant de détermination, au jeu d’une grande sobriété, cette accélération perpétuelle sur le fil du rasoir s’apparente au vertige métaphysique d’un homme qui court à sa propre perte.
Face à lui, Erika (Franziska Weisz) porte le poids des questions qu’elle ne veut pas avoir à se poser. Elle aime cet homme qui lui échappe. Erika et l’agent de probation incarnent les limites morales dont s’affranchit le héros. Le spectateur est entraîné dans une forme de tragique énigmatique. Avec simplicité, économie de moyens et style maîtrisé, sans lâcher du regard son personnage qui s’enfonce, le réalisateur boucle un thriller existentiel qui se resserre comme un noeud coulant.
Jean-Claude RASPIENGEAS
Le Point
Le braqueur”, super thriller
Marathonien et braqueur de banques : les deux activités ne sont pas incompatibles, bien au contraire ! La preuve : dans Les années quatre-vingt, en Autriche, Johann Kastenberger fait étalage de ses talents dans l’une et l’autre des catégories. Champion d’athlétisme, l’homme est l’un des coureurs amateurs les plus titrés du pays. Parallèlement, il commet une série de hold-up à Vienne et dans ses environs en dissimulant son visage sous un masque de… Ronald Reagan. Arrêté en 1988, il parviendra à s’évader et fera l’objet d’une chasse à l’homme comme l’Autriche n’en avait encore jamais connu.
Pour retracer le parcours de ce gangster hors du commun, Benjamin Heisenberg, qui signe ici son second film, choisit la voie de la simplicité et de l’épure. Dans Le braqueur, aucune digression psychologique, aucun morceau de bravoure. Le cinéaste suit au plus près la fuite en avant de son personnage, son addiction à la vitesse et à la prise de risques, dans ses marathons comme dans ses braquages spectaculaires. Remarquablement mis en scène et interprété, le film, à l’instar de son antihéros, avance à un rythme d’enfer et tient en haleine du premier au dernier plan. Une des belles surprises du moment dans l’actualité cinéma.
Par Olivier De Bruyn
Le Parisien
Courez voir « le Braqueur »
La pépite de la semaine nous vient d’Autriche. Inspiré d’un fait divers réel, « le Braqueur », de Benjamin Heisenberg, raconte la course quasi métaphysique d’un jeune marathonien casseur de banques qui opère seul en courant, le visage masqué et armé d’un fusil à pompe. Le personnage authentique mit longtemps en échec la police autrichienne. Celui du film, incarné par l’énigmatique Andreas Lust, semble trouver dans l’adrénaline de la course à pied et celle du hold-up un cocktail quasi existentiel. Son aventure débute dans la cour d’une prison, se poursuit avec l’amour impossible d’une amie d’enfance et s’achève au milieu d’une forêt. Un thriller à perdre haleine qui vous laisse comme à bout de souffle.
Hubert Lize
L'Express
Un vrai-faux thriller, avec autant d’action que de silences, captivant de bout en bout.
Qu’est-ce qui fait courir Johann Rettenberger ? L’appât du gain, vu qu’il est capable de dévaliser trois banques en moins d’un quart d’heure et de se volatiliser en prenant ses jambes à son cou ? Même pas. Son butin, il le laisse moisir sous son lit. Personnage authentique qui défraya la chronique autrichienne en 1988 pour avoir mobilisé 450 policiers dans une chasse à l’homme historique, Rettenberger (de son vrai nom Johann Kastenberger) était le défi fait homme, comme si sa vie comptait moins que les challenges qu’il s’imposait. L’intelligence de ce long-métrage est de ne pas se perdre en hypothèses psychanalytiques qui dénatureraient la personnalité atypique de ce hors-la-loi. Le Braqueur est un vrai-faux thriller, avec autant d’action que de silences, captivant de bout en bout et qui garde intacte l’énigme de cet insoumis.
Christophe Carrière
Libération
Le sprint, mark de fabrique
Heisenberg court après un «Braqueur» véloce.
«Pumpgun-Ronnie», surnom donné à Johann Kastenberger, n’est pas un clown allemand mais une figure du crime qui a terrorisé l’Autriche dans les années 80. Il a dévalisé un nombre impressionnant de banques, arborant lors des braquages un masque de Ronald Reagan (d’où le surnom) et s’est en même temps taillé une réputation de champion de course de fond en participant, et en gagnant, de nombreux marathons. Il a reconnu aussi avoir tué un homme juste parce que ce dernier lui avait tapé sur les nerfs. Il est par ailleurs fortement soupçonné d’avoir commis trois autres meurtres, notamment d’un policier et d’une prostituée. Kastenberger avait fait de la taule suite à ses premiers exploits de voleur véloce, et avait recommencé dès sa sortie. Repris à nouveau, il est parvenu à s’échapper du commissariat en sautant par la fenêtre, mais sa cavalcade se termine mal. Tentant de franchir un barrage policier à bord d’une voiture, il est blessé et se tire une balle dans la tête. Le Braqueur, la dernière course s’inspire des agissements sportifs et illégaux de «Pumpgun-Ronnie».
Le personnage principal du film s’appelle Johann Rettenberger, il se défonce à la course à pied et enchaîne les casses sans véritablement que l’on comprenne ses motivations, l’argent finissant dans des sacs plastiques planqués sous son lit. Montré comme un individu froid, méticuleux et en recherche de poussée d’adrénaline, le film se refuse à fournir la moindre hypothèse sur les motivations de son héros paradoxal. Le cinéaste mise tout sur la seule force de fascination d’un personnage en mouvement, filmé à perdre haleine, d’épreuves en coup de speed, sur les routes des Alpes ou zigzagant d’une banque à l’autre, son cardiofréquencemètre lui ceinturant toujours la poitrine.
Benjamin Heisenberg est un des créateurs de la revue cinéphile Revolver, creuset de ce que l’on a nommé la «Nouvelle Ecole berlinoise» ou «Nouvelle Vague allemande». Il avait signé, en 2002, le Bois lacté, puis, trois ans plus tard, Schläfer. Der Räuber (titre original) est probablement son film le plus coûteux, ponctué d’exploits techniques comme un marathon tourné avec 20 caméras et une incroyable échappée belle du voleur prenant les jambes à son cou captée d’une steadycam agile comme un furet.
Par DIDIER PÉRON