Caractéristiques
- réalisateur : Ann-Kristin Reyles
- année de production : 2007
- date de sortie : 12 décembre 2007
- durée : 86 minutes
- pays : Allemagne
- festivals : Festival de Berlin 2007 Forum Prix Fipresci
Synopsis
Noël approche. Henrik et Lars, son fils de 16 ans, habitent une vieille ferme de l’Uckermark, dans le nord-est de l’Allemagne. La grange doit être remise en état et transformée en hôtel pour accueillir des mariages.
Nouveaux venus dans la région, le père et le fils n’ont pas de contact avec les autochtones.
La relation entre Henrik et Lars se caractérise également par l’absence de communication. Lorsque Lars apprend que son père a une liaison avec sa tante Jana, il se sent plus isolé que jamais.
Mais il fait la connaissance de Marie avec qui il se balade dans la campagne enneigée.
Le chaos familial atteint son paroxysme lorsque la mère de Lars débarque à l’improviste avec son amant pour fêter Noël.
Revue de presse
Les inrockuptibles
La moisson de “l’école berlinoise” se poursuit tranquillement avec ce nouveau drame familial plongeant ses racines dans le terreau allemand. C’est peut-être l’oeuvre la plus discrète du lot, qui traduit et illustre pleinement par sa forme, son sujet et son décor l’influence bénéfique du rigorisme de l’Est sur toute une frange de la cinématographie allemande. Une utopie campagnarde figée dans la neige du titre et dans la glaciation hivernale qui nimbe superbement le récit – métaphore de la situation de l’ex-Allemagne de l’Est. Le film n’est pas pour autant neurasthénique. Il a même un caractère presque tonique. Après cet engageant conte drolatique aux accents cruels, on restera attentif à la suite de la carrière d’Ann-Kristin Reyels.
Vincent Ostria
Télérama
Atmosphère réfrigérante pour ce premier film sur l’incommunicabilité familiale. (…) Alternant des scènes de tension et les belles parenthèses contemplatives, la cinéaste donne au paysage, sublime et désolé, le statut de personnage à part entière. A côté de cette splendeur harmonieuse, les dissonances familiales semblent encore plus criantes. Sous la croûte gelée des non-dits accumulés, une histoire d’amour réussira pourtant à percer. Loin du pathos et des bons sentiments, il y a dans la complicité de Lars et de Marie une énergie sensuelle et joyeuse.(…)
Mathilde Blottière
Les cahiers du cinéma
Ann-Kristin Reyels (…) subvertit discrètement la portée comique du radio-crochet
familial pour faire entendre (…) la solitude de Lars et de son père (…) L’exacte
définition du meilleur cinéma allemand d’aujourd’hui.
Charlotte Garson
Ciné Live
Noël approche. Henrik et Lars, son fils de 16 ans, vivent ensemble dans une vieille ferme de l’Uckermark, dans le nord-est de l’Allemagne. La grange doit être remise en état et transformée en hôtel pour des mariages. Nouveaux venus dans la région, le père et le fils n’ont pas de contact avec les autochtones. La relation entre Henrik et Lars se caractérise également par l’absence de communication. Lorsque Lars apprend que son père a une liaison avec sa tante Jana, il se sent encore plus isolé que jamais. Mais il fait la connaissance de Marie avec qui il se balade dans la campagne que la neige rend magique. Pour Noël, tout semble parfait lorsque la mère de Lars débarque à l’improviste avec son amant. L’organisation du mariage devient un champ de bataille des sentiments.
Xavier Leherpeur
Première
La jeune réalisatrice, qui signe ici son premier long-métrage, filme les scènes comme des gifles (…) Et distille grâce à ses comédiens, tous parfaits, une étonnante petite musique mitriste, mi-gaie, pour dire la glaciation des sentiments et l’impératif besoin de briser tous les silences.
Isabelle Danel
Pariscope
Les liens familiaux, amoureux ou sociaux sont au coeur de ce film au charme mélancolique qui parle de la difficulté de grandir, de communiquer et d’avancer. La nature glacée et harmonieuse, inquiétante parfois, utilisée comme un vrai personnage, offre un beau contraste avec les sentiments des personnages, contenus, violents, douloureux. Un premier film prometteur et une réalisatrice à suivre.
Virginie Gaucher
Téléciné Obs
Un père et son fils tentent de s’intégrer dans le village où ils viennent de s’installer. Alors que le premier tente de refaire sa vie avec sa belle sœur, le second tombe amoureux d’une jeune sourde-muette. Sur fond de paysage enneigé et de fausse quiétude campagnarde, la cinéaste allemande filme la tension entre les protagonistes avec une justesse émotionnelle qui force l’admiration.
Xavier Leherpeur
Le Monde
Des chiens dans la neige” : dans un village hostile à la nouveauté, le salut vient des femmes.
Qui sont les chiens annoncés dans le titre ? Ces nouveaux venus, condamnés à la solitude. Un homme qui voudrait refaire sa vie, son fils parcourant la campagne en Solex, leurs chiens de chasse courant dans la neige sans parvenir à rapporter du gibier. Qui endosse le rôle du garde-chiourme ? Le cafetier local, qui voit d’un mauvais oeil la complicité naissante entre sa fille sourde et le gamin venu de la ville, et abat d’un coup de fusil l’un des chiens de ces “visiteurs” indésirables. (…)
Dans le film d’Ann-Kristin Reyels (son premier), où les mâles sont crispés sur leurs blessures, l’apprentissage du héros est fait par les femmes. Femmes adultes, prêtes à refaire leur vie sans pataquès, comme la mère ou la tante. Femme vierge, comme la jeune Maria, qui entraîne Lars à faire une partie de tennis de table au foyer du village, innocente récréation avec quelques désoeuvrées, lui fait découvrir la beauté des paysages, les délices de la balançoire, le rêve d’un refuge dans la carcasse abandonnée d’un vieil avion, la communication par gestes authentiques. Maria, marginale au masque de loup, handicapée rédemptrice qui saura éviter à Lars de finir comme ces animaux au cadavre pris dans la glace.
Des chiens dans la neige se clôt par une veillée de Noël symbolique où le père sert un civet de lapin mal mijoté et où, dans une atmosphère à couper au couteau, le jeune amant de la mère (candide intrus) se met à chanter un air de Schubert où il est question de laisser les chiens fous hurler. Le jeune Lars est parti chercher son avenir ailleurs, du côté de Maria et des lendemains dégelés. Du côté d’Ann-Kristin Reyels sans doute…
Jean luc Douin