
Caractéristiques
- réalisateur : Vanessa Lapa
- année de production : 2014
- date de sortie : 14 janvier 2015
- durée : 96 minutes
- pays : Israël / Allemagne
- festivals : Festival de Jérusalem 2014 meilleur documentaire – Festival de Berlin 2014 Panorama – Festival de Telluride 2014 – Festival de Vancouver 2014
Synopsis
Le 6 mai 1945, des soldats de l’armée américaine investissent la maison de Himmler, à Gmund en Allemagne. Ils y découvrent des centaines de lettres personnelles, de journaux intimes et de photos. Le film s’est basé sur ces documents pour esquisser sa biographie et révéler l’état d’esprit, les plans et les secrets du Reichsführer-SS, architecte de la Solution Finale : Heinrich Himmler.
Comment ce jeune bourgeois catholique, nationaliste de la classe moyenne est-il devenu le bras droit d’Hitler responsable de la mort de millions de Juifs, d’homosexuels, de Communistes et de Roms? Comment est née son idéologie? Comment se voyait-il et comment était-il perçu par sa femme Margarete, sa fille Gudrun et sa maîtresse Hedwig? Comment un homme qui se référait souvent aux soi-disant vertus germaniques telles que l’ordre, la correction et le respect, pouvait-il écrire à sa femme en pleine guerre et durant l’Holocauste : “Malgré toute cette charge de travail, je suis en forme et je dors très bien.” Comment un homme peut-il se voir comme un héros et être aux yeux du monde un meurtrier de masse ?
Revue de presse
LE FIGARO MAGAZINE
HIMMLER INTIME.
C’est un documentaire exceptionnel que livre la réalisatrice Vanessa Lapa avec “Heinrich Himmler The decent one”. (en salles le 14 janvier). Elle s’est appuyée sur plus de 700 documents dont 300 lettres échangées entre le bourreau et sa femme. Une somme de papiers recueillie par un soldat américain à la suite du suicide de l’architecte de la solution finale. Des films d’époque et de nombreuses photographies complètent ce riche ensemble. Qu’y apprend-on? L’absence totale d’état d’âme de ce jeune bourgeois catholique qui rêve dès son plus jeune âge d’ “une race royale dans l’humanité” mais aussi d’une nouvelle guerre. Parallélement, la journaliste présente le père de famille, un homme plein d’égards pour son épouse et sa fille. Puis le monstre réapparaît au coeur de l’horreur. “Malgré la quantité de travail, je me porte bien et dors très bien”, déclarait-il aux siens…
Pierre de Boishue
LE JOURNAL DU DIMANCHE
“La meilleure arme politique est celle de la terreur” écrit Himmler, criminel nazi, bras droit d’Hitler, responsible de l’extermination de millions de Juifs, homosexuels, Tsiganes.. Ce bourgeois maniaque obsédé par les Juifs dès son plus jeune âge, pensait aussi qu’il fallait inculquer la pudeur à un enfant de 3 ans. Par son suicide en 1945, il a échappé à un process, mais n’a sans doute pas eu le temps de détruire tous les documents découverts dans le coffre de sa maison. Sa correspondance (700 lettres) avec sa femme, son journal dans lequel il annonce des années avant que la guerre n’éclate “Je prévois déjà des horreurs futures” ont inspiré ce documentaire exceptionnel. Il dresse le portrait d’un homme froid, raide, implacable à partir de ses propres écrits, de photos et de documents. Remarquable.
Danielle Attali
ABUS DE CINÉ
Devoir de mémoire
En mai 1945, les Américains découvrent dans la maison d’Himmler des centaines de lettres, photos, et journaux intimes. C’est exclusivement sur ces documents que s’appuie ce documentaire. Il nous donne ainsi un éclairage nouveau sur une période qu’on pensait déjà bien connaître. La plongée dans la vie privée et intime d’Himmler avec en parallèle les événements indicibles de la Seconde Guerre Mondiale créent un contraste saisissant. Suivant la chronologie de la vie d’Himmler, différents comédiens prêtent leur voix aux rédacteurs des lettres, à commencer par Himmler enfant tenant son journal intime. C’est la voix de l’innocence que l’on entend, ne laissant pas présager de l’homme que deviendra cet enfant. Et si l’on s’attend à un changement de ton à l’âge adulte, on est surpris par la normalité de son langage. S’adressant à sa femme, ses enfants, sa maîtresse, c’est en termes affectueux qu’Himmler écrit à ses proches alors même qu’il réfléchit à la meilleure solution permettant d’exterminer les juifs. C’est cette effrayante normalité qui sidère et fait réfléchir. Le visage du mal peut ainsi être masqué par un voile de tendresse. C’est l’homme, mais aussi ceux qui l’entourent, qui participent à sa caractérisation. Difficile encore aujourd’hui de concevoir que celui que nous considérons comme un monstre était un héros national, aux côtés du Führer. Le film est dense, la lecture des lettres étant quasiment ininterrompue et demandant une attention soutenue de la part du spectateur. Seul un instant de répit nous est accordé, mais pour mieux nous mettre dans l’inconfort. Des juifs sont entraînés dans une fosse, froidement exécutés puis recouvert de terre. Immédiatement après suit la lecture d’une lettre où Himmler et sa femme discutent de la manière dont elle doit signer les lettres qu’elle envoie à leur fils adoptif. L’anecdotique superposé à l’horreur. La normalité face au génocide. Ce documentaire permet de remettre à hauteur d’homme des événements cristallisés dans les livres d’histoire. Il nous donne un éclairage nouveau, tentant de saisir l’incompréhensible, et surtout, et c’est absolument nécessaire, il nous incite à ne jamais devenir indifférent face à la page la plus sombre de l’histoire de l’humanité.
Rémi Geoffroy
LES INROCKUPTIBLES
Un portrait d’Himmler au travers de sa correspondance conjugale. Ou comment l’horreur nazie fut euphémisée par ses acteurs.
Dans l’immense Les Bienveillantes (Goncourt 2006), Jonathan Littell imaginait une fiction historique depuis le point de vue d’un nazi ordinaire. Je ne sais pas si on peut qualifier Heinrich Himmler de “nazi ordinaire” mais le film de Vanessa Lapa s’inscrit dans l’optique immersive de Littell et en propose une déclinaison documentaire : se mettre dans la tête des nazis pour tenter de comprendre le mal de l’intérieur.
Le film est construit à partir de la correspondance privée d’Himmler, exhumée l’année dernière et objet d’un petit événement éditorial sur lequel avait déjà travaillé Vanessa Lapa. A partir de ces lettres entre le dignitaire nazi et son épouse, lues en voix off par des comédiens, illustrées d’images d’archives, le film compose une biographie épistolaire et parcellaire du sinistre concepteur de la solution finale. Frappe d’abord le contraste entre la mièvre banalité des propos échangés et la monstruosité de ce que l’on sait. Himmler et son épouse Marga ne parlent jamais d’Auschwitz, des chambres à gaz, des millions d’êtres assassinés ou suppliciés, mais de dures journées de travail, d’emplois du temps chargés, de maux de ventre (tiens, comme dans le roman de Littell), de sentimentalité kitsch et affectée.
Mais si l’on tend l’oreille, qu’on se concentre sur certains détails noyés dans l’insignifiance (tel commentaire sur les Juifs, telle insistance sur la discipline des filles…), on se rend compte que l’antisémitisme de la famille Himmler précédait l’avènement au pouvoir d’Hitler ou que le totalitarisme nazi s’insinuait jusque dans les familles. On comprend aussi que l’épouse Marga savait et partageait les convictions de son mari, contrairement à ce qu’elle affirmera dans son classique système de défense à la Libération.
On apprend aussi qu’une des filles Himmler dirige encore à ce jour une association d’aide aux anciens nazis. On finit par saisir que la contradiction entre la prose gnangnan des Himmler et Auschwitz n’est peut-être qu’apparente : quand ils parlent pluie, beau temps ou “boulot”, ils savent qu’ils parlent de zyklon B et de crématoires, selon les euphémismes de la langue nazie remarquablement analysés par Victor Klemperer.
Dernier point : est-il raisonnable de livrer au public des mots et images de source nazie ? Au cas où un spectateur d’aujourd’hui ignorerait tout d’Himmler, cet excellent documentaire se conclut par quelques images des charniers euphémisés ou occultés par les Himmler et par quelques cartons informatifs. Reste qu’à la fin de ce film comme après tout ce qu’on a vu ou lu sur la Shoah, on en sait encore un peu plus mais on bute toujours sur un mystère insondable pour la raison : pourquoi ?
PARIS MATCH
Heinrich Himmler – the decent one – Une ordure ordinaire
La bête immonde a enfin été terrassée par les Alliés. Nous sommes en 1945, les Américains débarquent dans la maison d’Himmler, le bras droit armé d’Hitler, et mettent la main sur des centaines de lettres, des journaux intimes et des photos du chef de la SS et de sa famille. En faisant lire par des acteurs des morceaux choisis de cette correspondance, et en illustrant leurs propos d’images d’archives, la réalisatrice israélienne Vanessa Lapa apporte une dimension supplémentaire au documentaire en nous proposant un autre regard sur le dignitaire du Troisième Reich. Observé par le prisme du familial et de l’intime, ce haut responsable de la solution finale apparaît dans toute sa banale monstruosité… Himmler est un bon père de famille, aimant, attentionné, un fonctionnaire zélé et tatillon capable d’envoyer des millions de personnes, hommes femmes, en enfants, à la mort, avec le sentiment du devoir accompli. « Je travaille énormément ici, écrit-il d’Auschwitz, à sa femme, mais heureusement, je dors bien… » Ce terrible documentaire met, d’une façon inédite et irréfutable, en lumière la notion de « banalité du mal » conceptualisée par la philosophe Hannah Arendt. Nécessaire, mais traumatisant, ce voyage au bout de l’horreur ordinaire est d’autant plus réaliste que, grâce aux voix des acteurs, on a vraiment le sentiment d’entendre parler Himmler. Effrayant, mais passionnant!
Alain Spira
Où voir le film ?
PARIS
- MK2 Beaubourg (3eme)
- L’Arlequin (6eme)
- Le Lincoln (8eme)
Nancy (54)
Le Caméo
Strasbourg (67)
L’Odyssée
Lyon (69)
Le Comedia
Marseille (13)
Le César
Montpellier (34)
Cinema Utopia
Toulouse (31)
Cinema Utopia